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Chansons sans fraises
Robert Ledermann
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Berlin

J’ai voyagé de par le monde
J’ai vu le mur de Berlin
C’était avant qu’il ne tombe au début des années quatre-vingt

J’ai vu les clôtures électrifiées
Les miradors et les chiens
Les stations de métro désertées surveillées par de gardes mitraillette au poing

J’ai vu le graffiti de Keith Harring
Celui qu’ils ont détruit quand le mur est tombé

Longue et pointue comme une aiguille
Avec dedans un ballon
À Berlin-Est la voisine y’avait cette célèbre tour de télévision

Tout près de là j’ai rencontré Christine
Travaillait dans un musée
Elle m’a fait visiter la ville et moi j’espérais de pouvoir l’embrasser

Je m’étais promis de revenir pour la voir
Mais j’ai dû repartir et rentrer au pays

Camarade, qu’est-ce que tu deviens
Dans la bousculade de la nouvelle Berlin?
Camarade!

Je suis retourné à Berlin
Pour voir la ville sans le mur
Et si la ville cicatrise enfin
Je peux vous dire
Qu’il reste encore des traces de blessures

La belle Christine, je n’ai jamais revue
Et j’ignore complètement ce qu’elle est devenue

Camarade, qu’est-ce que tu deviens
Dans la bousculade de la nouvelle Berlin?
Camarade!

Je l’aime

Ici dans la discothèque
Y’a une fille aux yeux verts
Je trouve qu’elle a une jolie tête
Même qu’elle me met à l’envers

Quand elle danse c’est comme un poème
Elle est si classe et si sexy
Faut que j’lui dise que je l’aime
Faut que j’lui dise aujourd’hui

Ici dans la discothèque
Bat un rythme bien carré
J’vois cette fille aux yeux verts
Qui se lève pour aller danser

Et de temps en temps l’éclairage
Laisse voir ses traits parfaits
Son teint pâle, son jeune âge
Ses yeux plus verts que jamais

Je l’aime
Trop belle pour moi j’la draguerai quand même
S’il faut que j’fasse quelque chose avant que je crève
C’est bien de parler une fois à la fille de mes rêves

À la porte du dancing
S’en va la fille aux yeux verts
On est serré comme des sardines
Mais l’endroit me semble désert

Dire qu’elle est en ville quelque part
Sur la banquette arrière d’un taxi
Partie sans un regard
Et moi je ne lui a rien dit

Je l’aime
Trop belle pour moi j’la draguerai quand même
S’il faut que j’fasse quelque chose avant que je crève
C’est bien de parler une fois à la fille de mes rêves
 
 
 
 

À la toilette entrée
En est sortie si bizarre
Les yeux vitreux les traits tirés
Et si dur le regard

Elle cherchait dans la foule
Son curieux animal
Qui lui fournit la poudre
Mais elle cherchait bien mal

Car elle ne m’a pas vu
Moi qui lui souriais
Et j’avoue avoir cru
Qu’elle le faisait exprès

À la toilette entrée
En est sortie si bizarre
Les yeux vitreux les traits tirés
Et si dur le regard

Le tourne-disque

Voici l’histoire incongrue
D’un fonctionnaire perverti
Qui mangeait de la morue
À tous les vendredis
Attention on danse
Parce que l’histoire commence

Tard dans la nuit, complètement saoul,
Il se promène
Voilà qu’il gueule comme un voyou
Qu’encore il l’aime
Son ex-femme

Il sort sa carabine et fait mine
De se tuer
Surgit tout-à-coup son ex-copine qui lui dit
« Veux-tu t’arrêter »
Il lui dit « Je t’aime encore »
Elle lui dit « Moi aussi »
Et ils se serrent très fort

Comment voulez-vous qu’une histoire d’amour ça finisse
Quand s’aiment comme des fous les principaux protagonistes

Il l’emmène chez lui, ferme les stores
Et se voit déjà se comporter comme un vieux porc
Et elle être plus cochonne encore

Il lui embrasse les mains
Et pendant qu’elle enlève son slip
Il lui dit attend une minute de rien
Je vais changer la musique
Il la trompe avec le tourne-disque

Comment croyez-vous qu’une histoire d’amour se complique?
Suffit qu’l’homme fasse le matou avec le tourne-disque
Moi j’en ai marre de ces histoires, de tous ces mélodrames
J’veux m’en aller quelque part où il n’y a ni homme ni femme

Elle le surprend et lui trouve un air coupable
Effectivement elle a la main sur la tournante table
Et les yeux dans le sirop d’érable

Dans une grande colère, la douce amie, virée sadique
Assassine le fonctionnaire à grands coups de tourne-disque
Et tant pis pour la musique

Comment croyez-vous qu’une histoire d’amour doive finir
Si en n’est que par un drame, un meurtre et une veuve qui doit s’enfuir
Pour ma part je perds un ami et un grand mélomane
Me reste les débris du tourne-disque nymphomane
 
 

John Smith

John Smith vivait quelque part dans les parages
Ses quartiers donnaient sur la promenade du Portage
John Smith était en fait mon voisin d’en haut
Il habitait là depuis je en sais trop

John Smith avait été junkie à ses heures
Ça se voyait dans ses sautes d’humeur

John Smith, quand j’faisais d’la musique
John Smith, ça te tapait tellement sur les nerfs
Tu cognais au plancher avec de grands gestes de colère

John Smith, sa femme et sa progéniture
Vivaient à l’étroit, ce qui pouvait être dur
Quand nuit et jour il faut pouvoir supporter
Les caprices, les pleurs et les cris d’un bébé

John Smith, quand pleurait la petite
John Smith, ça te tapait tellement sur les nerfs
Tu retenais en dedans des grands gestes de colère

La femme de John Smith était bien compréhensive
Mais elle s’est lassée d’une situation explosive
Un beau matin avec enfant et bagages
Elle a laissé Smith en plein dérapage

Quand il ne vidait pas une bouteille d’alcool
Il respirait un sac de colle

John Smith, sans femme et sans petite
John Smith, tu te tapais tellement sur les nerfs
Tu retournais contre toi ces grands gestes de colère

Sonné, battu, drogué et confus
Mal rasé, mal tondu, cheveux longs sales, barbu

Tu regardais toujours droit devant toi sans nous voir
On t’aurait dit prisonnier d’un étroit couloir
John Smith, tu perdais l’équilibre

Un jour on t’a retrouvé tout nu
Tombé dans l’escalier
Encore une fois complètement perdu
Incapable de parler

J’ai vu que tu avais au visage
De multiples blessures
Tu devais tomber souvent et mal
Et frapper ta figure

John Smith, tu perdais l’équilibre

Plus tard voulant griller cigarette
T’allumait le rond du poêle
Mais en t’penchant tes longs cheveux en couette
On soudain pris en flammes

Paniqué tu courais à la fenêtre
Et perdais l’équilibre
Tombais directement sur le tête après deux étages de chute libre

John Smith est mort quelque part dans les parages
Des suites de sa chute sur la promenade du Portage
Y’a plus personne dans l’appartement d’en haut
À part peut-être son fantôme

Et quelques mulots
 
 
 
 

À l'autre bout du téléphone
Y'a une machine qui veut parler
Moi je reste complètement aphone
Devant cette technologie déshumanisée

Elle me dit si tu veux telle chose
Faudrait que t'appuie sur le deux
Moi que ce petit robot rend nerveux
J'oublie l'numéro qu'il fallait que j'compose

Je rappelle la téléphoniste
C'est pas la même que tout à l'heure
Elle trouve l'abonné sur sa liste
Me confie à son ordinateur

Qui me débite le numéro
De sa vois pré-enregistrée
Pendant que moi je fige à nouveau
La téléphoniste a déjà raccroché

J'aurais voulu qu'elle reste avec moi
Non mademoiselle non!
Ne me quitte pas

Et puis voilà qu'un peu plus tard
Cherchant un peu de compagnie
J'vais dans un de ces endroits où on sort
Où y'a plein de lumière et de bruit

Je sors de là un peu trop saoul
Essaie de trouver un taxi
Je fouille mes poches, j'ai pas un sous
Heureusement qu'il y a un guichet près d'ici

Devant l'guichet automatique
Donc un urgent besoin d'argent
J'insère ma carte magnétique
Bande vers le haut évidemment

Compose l'identification
Et puis attend bien patiemment
Le guichet avale ma carte tout rond
Me dit que c'était succulent

J'aurais voulu qu'elle reste avec moi
Non mademoiselle non!
Ne me quitte pas

Me voici donc au centre-ville
Sans un sous pour prendre l'autobus
Je peux pas marcher j'habite à des milles
Mais j'pourrais aller chez Marie-Luce

Je sais qu'elle habite près d'ici
Depuis qu'elle a déménagé
Comme j'sais pas exactement où elle vit
J'devrais peut-être d'abord téléphoner

J'vais donc dans une cabine publique
Avec un vingt-cinq sous mendié
Fouille dans l'bottin téléphonique
Le numéro n'est pas listé

Alors j'appelle l'information
La vois émue, le cœur serré
La demoiselle qui me répond
Je m'empresse de la supplier

Je t'en prie reste avec moi
Non mademoiselle non!
Ne me quitte pas
 

Avec les dégénérés

Maman si t’avais su
Que je deviendrais le vaurien que ma foi je suis devenu
Aurais-tu gardé fiston?
Ou est-ce que je serais aujourd’hui un avorton?

Voilà le genre de question
Que je me pose sans interruptions
Et quand je ne peux plus penser
Je sors au bar me saouler

Avec les dégénérés
La rapace et les tarés

Maman si t’avais su
Que je deviendrais cette espèce de bum de rue
Aurais-tu nourri fiston?
Ou est-ce que je serais aujourd’hui un maigrichon?

Voilà le genre de question
Que je me pose en regardant mon bedon
Mon bedon qui devient énorme
À cause d’la bière que je consomme

Avec les dégénérés
La rapace et les tarés

Papa si t’avais su
Que la police surveillerait toutes mes allées et venues
Le jour de ma conception
Aurais-tu pu garder ton érection?

Pour ma part je l’avoue c’est plutôt l’alcool
Qui fait que j’ai parfois la bite un peu molle
Et quand je ne peux plus bander
Je sors au bar me saouler

Avec les dégénérés
La rapace et les tarés
Avec les dégénérés
La rapace et les tarés
 

 

 

L’amour inquiet

J’ai l’amour inquiet et le goût de pleurer
Maintenant qu’est-ce que je fais pour la garder?
Elle est venue vers moi sans que je lui demande
Je voudrais qu’elle reste là, je ne sais comment m’y prendre

Moi j’ai l’amour triste et le goût du gin
Est-ce que l’amour existe, est-ce que c’est une routine
Où l’un s’attache et tombe amoureux
Pendant que l’autre se lasse et détourne les yeux

Toi qui connais l’amour et tous ses détours
Dis-moi par où passer
Pour retrouver l’endroit où elle m’aime en retour
Où elle se laisse aimer

J’ai l’amour muet, je n’ai pas le goût de parler
Seulement plus je me tais plus mes mots sont fâchés
Je suis déçu, déçu, ce qui me déçoit le plus fort
C’est le fait qu’elle n’ait rien vu qu’elle ne voit rien encore

Toi qui connais l’amour et tous ses détours
Dis-moi par où passer
Pour retrouver l’endroit où elle m’aime en retour
Où elle se laisse aimer

Parano

Je donnerais cher pour une guitare
Tout de suite et sur cette rue
Dans cette ville inconnue
Où je promène mon cafard

Si j’avais cette guitare
J’écrirais une chanson
Je l’écrirai tôt ou tard
Je deviendrais fou sinon

Qu’est-ce que tu caches derrière tes verres fumés
Est-ce que c’est tes larmes ou les raisons qui te font pleurer
À la gare y’avait encore ce vieux maquereau
Est-ce que tu pleurais pour moi ou bien pour ce salaud?

Je donnerais cher pour savoir
Ce qui s’cache derrière ce mystère
Pourquoi tu pleurais dans le noir
Sans me dire ce qui allait de travers

Si j’savais l’fond cette histoire
J’pourrais peut-être m’expliquer
Le comportement bizarre
Que t’avais quand on s’est laissé

Qu’est-ce que tu caches derrière tes verres fumés
Est-ce que c’est tes larmes ou le fait que t’es tout mélangée
Partagée entre moi et ce vieux maquereau
Est-ce que je suis lucide ou bien parano
 
 

Je ne m’habitue pas

Tous les matins le jour se lève
Et me trouve déjà réveillé

Est-ce que ça vaut la peine
De continuer
Semaine après semaine
Dans ce bourbier?

Je n’habitue pas mais je continue quand même
Je ne comprends rien et pourtant je persiste encore
Je me débats dans un brouillard opaque à l’extrême
Mais j’en sortirai plus fort

Naufragé sur un radeau
Avec quelques vivres il me reste un peu d’eau
Comme ils sont longs les jours

Les probabilités me condamnent
Pourtant je garde au plus creux de mon âme
L’espoir tenace qu’on me portera secours

Tous les matins le jour se lève
Et me trouve encore fatigué

Depuis Adam et Eve
C’est marche ou crève
Continue ou je t’achève
Faut pas se reposer

Je n’habitue pas mais je continue quand même
Je ne comprends rien et pourtant je persiste encore
Je me débats dans un brouillard opaque à l’extrême
Mais j’en sortirai plus fort

Je n’habitue pas mais je continue quand même
Je ne comprends rien et pourtant je persiste encore
Je me débats dans un brouillard opaque à l’extrème
Mais j’en sortirai plus fort